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D‘après l’Office Européen des brevets (OEB), le nombre de brevets européens déposés par des entreprises françaises est pour la première fois depuis 2017, en augmentation. En effet, l’OEB comptabilise une hausse de 3,1 % sur l’ensemble de l’année par rapport à 2019. Celle-ci semble être largement liée à la crise sanitaire engendrée par la pandémie du COVID-19 puisque la majeure partie des brevets déposés et recensés est d’ordre sanitaire. En temps de crise, l’innovation ne recule pas, au contraire elle se développe.

Pour Arnaud Groff, entrepreneur spécialiste de l’innovation, une telle explosion n’est pas étonnante. Il disait déjà en 2004 que « Plus on est contraint·es, plus on est innovant·es ».

Les innovations technologiques semblent être les plus visibles. Entre smartphones extensibles, écran parchemin ou encore trappe à chien high-tech, c’est la course aux objets les plus innovants ! Le salon international Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas est devenu le rendez-vous annuel le plus important en matière d’innovation. Chaque année, pléthore d’innovations sont présentes, oscillant entre commodité et attraction. Tech Trash, la newsletter hebdomadaire ironique et décalée qui réunit près de 30 000 fans, se donne un malin plaisir à critiquer ces innovations et ces façons de penser en rupture avec le marché.

Mais ça veut dire quoi « innover » ?

Innover ? Ou inventer ?

Innover, du latin inovare (renouveler), c’est introduire quelque chose de nouveau ou de sensiblement amélioré au sein d’un espace établi. Contrairement à l’invention, qui est la création d’un concept complètement nouveau, une innovation améliore l’existant en introduisant de nouvelles caractéristiques par rapport à ce qui a été réalisé précédemment. En d’autres termes, l’invention devient innovation dès qu’elle trouve un public, qu’elle développe une valeur économique et devient pérenne.

D’après le Manuel d’Oslo de l’OCDE, il existe quatre types d’innovation :

  • de produit (bien et service),
  • de procédé,
  • de commercialisation et,
  • d’organisation.

Greg Satell, conférencier et consultant spécialiste de l’innovation, classifie l’innovation en quatre typologies.

  1. Innovations continues (ou incrémentales) qui permettent simplement une amélioration mineure mais constante. Cette façon d’innover est la plus courante puisque la moins risquée. Par exemple, l’introduction de nouvelles fonctionnalités sur un site internet s’apparente à de l’innovation continue.
  2. Innovations radicales (ou révolutionnaires) qui proposent des changements radicalement nouveaux résultant notamment de nouveaux usages et de technologies nouvelles. Pour BPI France, c’est également la création d’un nouveau marché, ou la transformation en profondeur d’un marché existant. Celles-ci sont plus rares puisque le processus d’innovation est plus long et couteux. Ça peut être le cas d’un médicament ou d’une technologie révolutionnaire comme une imprimante 3D.
  3. Innovations adjacentes qui s’attaquent à un marché déjà existant et le segmentent voire en crée un nouveau. Très simplement, c’est l’idée de créer du nouveau à partir de l’existant. C’est le cas par exemple de Tesla ou encore de Uber qui ont considérablement modifié les usages au sein de marchés existants.
  4. Innovations de ruptures (la disruption) qui améliorent et démocratisent un produit ou un service. C’est l’idée de créer une rupture dans un marché existant afin de proposer une nouvelle valeur, et non plus d’en ajouter. C’est une façon de faire différemment quelque chose qui existait auparavant, et de pérenniser ce changement en opportunité durable. Cette innovation provient surtout de plus petits acteurs, plus ou moins marginaux. Dans ce cadre-ci, on peut notamment citer Airbnb par rapport à l’hôtellerie ou encore Doctolib qui a radicalement changé les façons d’accéder à des rendez-vous médicaux.

Aujourd’hui, cette classification est largement utilisée, mais elle n’est pas unique.

Une autre façon de classifier l’innovation

BPI France en 2015 a créé sa propre qualification dans son guide « Innovation Nouvelle Génération ». On y retrouve :

  • les innovations technologiques : comme celles mentionnées précédemment.
  • les innovations de produit, de service ou d’usage : comme Ulule avec sa plateforme de financement participatif ou Seb avec sa friteuse sans huile.
  • les innovations de procédé ou d’organisation : comme le Groupe Biscuit International (anciennement groupe Poult), biscuiterie centenaire, qui a introduit l’innovation ouverte et l’autonomisation dans son management.
  • les innovations marketing et commerciales : la stratégie marketing et de communication de la marque Michel et Augustin illustre parfaitement ce type d’innovations.
  • les innovation de modèles d’affaires : comme Veepee (anciennement Vente-Privée) avec l’introduction des ventes éphémères et évènementielles sur internet.
  • les innovations sociales : comme La Ruche Qui Dit Oui qui favorise les échanges directs entre consommateurs et producteurs ou encore Entourage, structure résidant au TUBÀ qui crée des relations de proximité avec des personnes exclues et souvent précaires via une application dédiée.

Si l’innovation technologique semble être la plus visible puisque plus tangible et virale, elle n’est donc pas unique.

QUID DE L’INNOVATION AU TUBÀ

iNNOVATION SOCIALE

Selon le Conseil Supérieur de l’économie sociale et solidaire (CSESS), l’innovation sociale consiste à élaborer des réponses nouvelles à des besoins sociaux nouveaux ou mal satisfaits dans les conditions actuelles du marché et des politiques sociales, en impliquant la participation et la coopération des acteurs concernés, notamment des utilisateur·ice·s et usager·e·s. (2014)

Ces innovations concernent aussi bien le produit ou service, que le mode d’organisation, de distribution, (…). Elles passent par un processus en plusieurs démarches : émergence, expérimentation, diffusion, évaluation.

Innovation urbaine

L’innovation joue un rôle clé dans l’attractivité et le développement des territoires. Qu’elle soit technologique, procédurale ou sociale, ces solutions novatrices contribuent à rendre les territoires plus durables et « intelligents ». En somme, l’innovation contribue à la vision de la « ville intelligente ».
La Métropole de Lyon, accompagnée de l’ensemble des habitant·es et acteur·ices loca·ux·les, produit de l’innovation afin de transformer la ville de manière durable, responsable et inclusive. Une démarche qui se construisait, dès l’origine du projet, sur la mode de « faire ensemble » : cumulant les questions d’agilité, d’innovation ouverte ou de proximité. C’est dans ce cadre-là que TUBÀ, en 2014 a été créé. En tant que « Tube à expérimentation urbaine », l’innovation est au cœur des missions, valeurs et projets du TUBÀ. Toutefois dans une logique de co-production, l’innovation est toujours pensée au prisme de l’usager·e final·e.

Innovation centrée usager·e

L’innovation centrée usager·e c’est le fait de concevoir des services adaptés aux utilisateur·ices fina·ux·les en les intégrant tout au long du processus de conception. TUBÀ construit des protocoles méthodologiques spécifiques à chaque projet afin de s’adapter aux singularités des différents contextes, de manière à pouvoir intégrer les usager·es dans la démarche.

Cette démarche part du postulat que les potentiel·les usager·es sont les mieux placé·es pour connaitre leurs besoins et savoir si un service répond à leurs attentes. En effet, l’acceptabilité d’un service / d’un produit dépend de nombreux facteurs (individuels, sociaux, organisationnels, etc.) Concevoir avec les usager·es, c’est recueillir leurs besoins tout en favorisant une anticipation et une prise en compte des potentiels freins à l’utilisation de ce dernier. 

Des disciplines telles que les sciences humaines et sociales ainsi que le design de services permettent d’appréhender ces nombreux éléments nécessaires à la conception de services. De par son parti pris, le TUBÀ rassemble des designers de services, des psychologues sociaux ou ergonomes, associé·es à des coordinateur·ices de projets faisant le liant entre toutes les disciplines.

Innovation collaborative

L’innovation centrée usager·es est considérée comme étant « ouverte » puisqu’elle implique l’ensemble de l’écosystème. De facto, elle est collaborative. Basée sur l’intelligence collective, l’innovation collaborative fonctionne sur un champ de parties prenantes plus large que l’innovation classique. D’abord en interne – en intégrant tous·tes les salarié.es d’une structure – puis en externe. Au TUBÀ, ces formes d’innovations impliquent à la fois les adhérant·es de l’association ainsi que des parties prenantes de l’ensemble du territoire. Ces structures partenaires prennent elles-mêmes part à ces formes d’innovations en intégrant des salarié·es de différents services au sein des projets collaboratifs.

EUREKA CLUB : RETOUR SUR UN PROJET TUBÀ D’INNOVATION

De juin 2018 à septembre 2019, TUBÀ a mené un projet collaboratif sur le quartier Confluence. Celui-ci avait pour but d’élargir le champ d’action des citoyen·nes dans le développement de leur quartier en les impliquant via le développement de projets d’intérêt général sur le territoire de la Confluence. Grâce au lancement d’un appel à projet, les usager·es du quartier de Confluence ont pu proposer leurs projets et idées de services à déployer sur les thèmes de l’économie circulaire et du bien-être en ville.

À cette issue, trois lauréat·es et un projet coup de cœur ont été sélectionné·es. Les lauréat·es ont bénéficié d’un accompagnement sur une durée totale d’un an afin d’assurer le bon développement et l’atterrissage de leur projet sur le quartier de La Confluence.

En somme, l’innovation est polymorphe puisqu’elle concerne tous les secteurs et peut ainsi être d’ordre technologique ; d’usage, de service, de produit ; citoyenne ; urbaine ou encore territoriale. Il est presque impossible de se mettre d’accord sur une seule et même définition parce que toutes s’imbriquent entre elles.

Et vous, quelle est votre définition ? Dans quel but innovez-vous ?

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